Bienvenue en enfer blanc
(Par Laetitia BOURGEOISAT, Maï-Lihn TANG et Sara JUAN)
Seul, je cherchai sur la Cordillère des Andes, un logement car depuis longtemps j'avais envie de calme et de solitude. Le 3 Novembre 1994, j'aperçus cette petite maisonnette abandonnée qui fût fort à mon goût car ainsi je pouvais contempler à longueur de temps cette étendue froide, blanche et apaisante qu'était la neige. Je fis le tour de la propriété, elle était poussiéreuse et pleine de toiles d'araignées. Mes yeux se promenèrent sur des meubles anciens et abîmés.Je m'arrêtai dans la cuisine et ouvris tous les tiroirs que je trouvai, cherchant la moindre trace qui m'expliquerait les mystères de son passé. Étrangement, je ne vis que des légumes en décomposition. Au bout de ma recherche, je remarquai le seul objet inaltéré : un couteau. Il était magnifique: le manche était orné de lierre et de fleurs grimpantes sculptées dans le bois, s'arrêtant à la garde où commençait le tranchant en argent de la lame. Le trouvant vraiment très beau et mystérieux, je le posai sur la table pour ne pas l'abîmer ni le perdre. A la fin de ma visite, je décidai d'explorer les environs. Au bout de quelques kilomètres de marche soutenue dans la neige, je découvris un petit village au pied des montagnes, où il ne se passait pas tellement de choses. C'est ainsi que grâce au bouche à oreille tous les villageois furent rapidement au courant de mon arrivée. En achetant de quoi manger, je sympathisai avec la boulangère et ayant fini de me promener dans le village et de faire mes achats, je remontai avec mes provisions.
Une fois arrivé à la maison, je jetai les déchets décomposés et les remplaçaient par les aliments fraîchement achetés.J'entrepris d'éplucher les pommes de terre. Maladroit comme j'étais, je me coupai sérieusement à l'index ; un morceau de mon doigt était tombé par terre. Le couteau était tâché de sang. Refoulant mon dégoût, je me précipitai à la recherche de compresses que j'avais achetées pour d'éventuelles blessures. Je m'en appliquai une rapidement et j'allai rincer toutes mes souillures. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque je vis que la lame du couteau était immaculée et le sol propre! Pris d'un doute soudain, je retirai mon pansement pour vérifier si je n'avais pas halluciné. Un mauvais pressentiment s'emparait de moi. Mes yeux s'exorbitèrent...Dépassé par la situation, je continuai ma journée dans le doute de ce qui s'était passé.
Tôt dans la soirée, je retournai voir la boulangère qui m'apprit que l'ancien propriétaire était mort poignardé, il y a précisément cinq ans. Mon cœur sembla se détacher après ce que je venais d'apprendre, je remontai à tout vitesse jusqu'à mon logis pris d'un doute soudain et inexplicable.Malgré mes tremblements intensifs, j'ouvris la porte et me précipitai à l'intérieur. En apercevant le couteau ensanglanté, je perdis tous mes moyens. J'éprouvai, pour la première fois de ma vie, une angoisse telle, que mes plus sombres souvenir resurgirent du passé. J'avais emménagé ici, loin de tout, afin d'oublier les dix dernières années de ma vie que j'avais passé en prison pour le meurtre de ma femme.Toutes sortes d'hypothèses se bousculaient dans ma tête. Désemparé, je fouillai activement la maison à la recherche d'un indice sur ce qui s'était passé.
La nuit était tombée depuis longtemps, et je décidai de me coucher. Cependant, je ne parvins pas à trouver le sommeil. Le souvenir du couteau taché d'un sang inconnu me hantait et la sueur perlait toujours sur mon front.Je me demandais si quelqu'un voulait se venger, si cette maison était hantée par l'esprit de l'ancien propriétaire,si je ne devenais pas fou.Sur ces sombres et funestes pensées, je m'endormis. Je me réveillai, le couteau ensanglanté dans la main, devant la baie vitrée du salon. Éberlué, je reculai de quelques pas et mis du temps avant de pouvoir lire le message inscrit. Je poussai un cri strident et répétai ces mots incompréhensibles qui avait pourtant tant de sens. Démuni, je retournai ces mots mystérieux dans mon esprit et me demandais qui avait pu les écrire. Je pris une de ces phrases à la lettre.
Allez-vous en,
Mourez en cet enfer blanc
Adieu, montagnes enneigées
Adieu, sombres et funestes pensées
Adieu, cauchemars et irréalités......